Aller chercher le saut du Gouloux au fond d’une forêt ressemble à la quête de l’arbre d’or en forêt de Brocéliande, on grimpe gentiment entre les Douglas et on découvre la Cure qui se jette depuis les dix mètres d’un aplomb baigné par le soleil. C’était au matin, il faisait frais mais on zappait les nuages pour activer les carcasses.
Il y a toujours une déception, fut-elle légère, à faire la connaissance d’un lieu qu’on à longtemps attendu de visiter quand il pleut ou au mieux quand les nuages gris nous laissent un moment de répit. Et cette déception est à la mesure des activités qu’on avait prévu d’y pratiquer, pédestres, cyclistes ou aquatiques. Mais l’atmosphère est morose alors qu’on est en plein cœur des vacances ; on s’attend à affronter des hordes de touristes venues se rafraîchir en dépit des prévisions météo -mais le sait-on seulement lorsqu’on réserve des mois à l’avance ?-, on craint aussi, un peu, en sachant qu’on est dimanche, de croiser des familles entières qui ont déserté Paris et sa proche banlieue seine-et-marnaise (on est à deux heures de route), mais la foule est absente, recroquevillée dans sa coquille dans l’attente de jours meilleurs, et c’est une drôle de sensation de se savoir au bord du lac des Settons, calme comme un matin d’automne ; le vent fait déjà tomber ses premières feuilles pas encore tout à fait mortes.
Nous ne sommes pas restés, il n’y avait rien à faire, ou plus exactement nous n’avions envie de rien, beaucoup usés par les précédents jours de pluie. Le tour à pied ou à vélo et ses quatorze kilomètres ? Pas cette fois, trop risqué au vu des nuages (qui nous donneront raison quelques minutes après notre départ), et demandant un mental que nous n’avions plus. Pour finir, la responsable de l’office du tourisme d’Avallon nous avait plutôt recommandé le lac de Pannecières, plus sauvage ; nous sommes alors partis pour de nouvelles sinuosités entre ces deux lacs, passant non loin d’Ouroux-en-Morvan, notre précédente étape.
Le lac de Pannecière est effectivement plus joli car infiniment plus sauvage, enclavé entre des hauteurs sapinées parfaitement respectables, avec des eaux tout en longueur qui accueillent le passage d’une Yonne encore jeune et des recoins qu’il serait délicieux de découvrir depuis un paddle. Passons une dernière fois sur le climat dont on aura compris qu’il ne nous permettrait guère plus qu’une agréable balade de fin de journée sur une rive accueillante parsemée de pêcheurs ; mention spéciale aux nombreux chalets qui surplombent gentiment le lac, pour beaucoup possessions de néerlandais aux goûts arboricoles très sûrs.