Compenser un manque quand le corps se lamente, conscientiser à l’extrême cette réparation dans un hic et nunc méthodique et savourer chaque seconde des rayons du soleil, en absorber jusqu’à la moindre vibration, en sentir les étincelles derrière les yeux clôts, cela reste une forme de victoire sur les éléments dont on profite malgré tout avec une joie toute en retenue tant on sait que la pluie peut revenir sans prévenir. Et aux premières heures du dernier jour d’un mois de juillet travesti en octobre, à distance respectable des premiers touristes sous tente, j’ai sorti le tapis de gym et me suis étalé au beau milieu de la plaine fraîchement tondue du parcours de foot-golf afin d’étirer ma carcasse dans des positions qu’Instagram sublime mais que mon physique gentiment empoté peine à reproduire avec la même grâce. L’herbe sentait bon, était à peine humide et dans certaines positions allongées, j’aurais pu prolonger ma nuit.
Nous savions depuis la veille que nous resterions une nuit de plus chez Lisbeth et Simon, dans la chaleur de leur gentillesse et la chaleur et l’immensité de leur camping (à moins que cela ne soit l’inverse).
Le programme de la journée fut fort simple : une randonnée d’environ dix bornes dans la forêt de Tronçais pour nous conduire vers le village de Saint-Bonnet-Tronçais, une balade toute plate parmi des chênes séculaires et sur les planches des chemins aménagés le long des tourbières à l’approche de l’étang, avec des papillons et des libellules, puis un café sur place dans le bistrot local pour renouer avec des habitudes estivales, et un après-midi de sport (en vrac : natation, volley, foot, badminton et tennis de table), pour finir par un apéro avec anglais LV1 et néerlandais LV2, puis repas et dodo avant de nouvelles aventures. Et tout s’est passé comme prévu ; avec le beau temps, tout redevient possible.