Quand on le voit depuis le belvédère qui surplombe sa vallée, le Chassezac n’a plus grand chose à voir avec la sympathique rivière qui longeait ce matin notre camp de base, certes teigneuse par endroits, mais dégageant un sentiment de sérénité aussi rafraîchissant que régénérant. Au fond de son canyon qui s’étire en lacets sévères vers un avenir plus docile, le Chassezac, encaissé entre deux falaises de granit hautes de 300 mètres, bouillonne, saute et se déverse, de toboggans raides et étroits en baignoires reposantes promptes à rasséréner les adeptes du canyoning. Du haut de la falaise, depuis le belvédère aménagé, sous la canicule qui s’installe, on en vient à envier ces hommes grenouilles dont on distingue les casque colorés qui avancent en file indienne dans les eaux tourmentées.
Depuis ce même belvédère, on distingue le village de La Garde Guérin et son château emblématique. Castrum moyenâgeux construit sur le chemin de la Régordane, qui relie le Massif Central à la Méditerranée, afin de protéger les seigneurs locaux des pilleurs qui massacraient tout ce qui se trouvait sur leur passage, le village a conservé les ruines des différents logis. Le château date, lui, du XVIème siècle et sa tour propose une vue exceptionnelle sur la vallée ; son ascension mélange deux activités sportives : l’escalade et… la spéléologie. De fait, pour parvenir au sommet de la tour, il faut parfois gravir des marches creusées dans un mur absolument vertical et s’y faufiler comme dans un goulet. C’est décommandé aux claustrophobes et aux amateurs de hamburgers américains.
Quittant la Lozère pour l’Ardèche par des routes jamais avares de courbes et de descentes, nous nous sommes posés dans le village de Les Vans. Le Dardaillon nous a servi son menu du jour pour une somme raisonnable et la digestion s’est effectuée au bord d’une piscine ; j’en conviens, il y a pire.