C’était le jour des adieux, ou le jour d’un au revoir plus exactement tant notre amour pour le Puy-de-Dôme et le Cantal nous promet un retour, autant parce que ce terrain de jeu absolument parfait n’a nul autre pareil à mes yeux que parce que le Grand y vit désormais et que s’il vient à nous parfois, nous irons à lui également. Depuis la route, nous avons esquissé un geste de la main à travers la vitre du van pour saluer le Sancy et lui donner rendez-vous ; il demeurait un peu de tristesse dans nos voix intérieures, heureusement noyées dans les propos d’un podcast sur les origines de la peste au quatorzième siècle ; il y avait sans doute plus frais comme sujet mais c’est celui que nous avions choisi pour nous rendre à notre ultime étape avant le retour définitif.
Ainsi, quelques quatre-vingt dix minutes plus tard, le van nous déposait, pour la seconde fois de l’année en ce qui me concerne, au Suc au May, dans cette belle Corrèze qui reste à découvrir ; et en cela, nous disposons de ressources pour les années à venir car si ses départements limitrophes qui penchent au sud ou à l’ouest (le Lot et la Dordogne) sont, dans l’esprit de beaucoup, plus séduisants, la Corrèze regorge de merveilles plus secrètes et offre une nature qui explose à chaque virage.
Le Suc au may était désert, sans doute la chaleur y était-elle pour quelque chose, et nous étions seuls autour de la table d’orientation d’où, contrairement à ma visite au printemps dernier, nous pouvions pousser la vue au plus loin et lire les lignes que dessinent les crêtes du massif du Sancy que nous venions de laisser derrière nous.
Quelques kilomètres plus haut, à travers les routes apaisantes du plateau de Millevaches, autre fantastique terrain de jeu à exploiter, à pieds comme sur deux roues, nous avons gagné le village de Bugeat pour nous poser une dernière fois avant le grand retour au bercail. Le camping y possède un ancien gymnase et ce fut l’occasion de nous affranchir de nos légères frustrations de ces derniers jours, entre manque de place, canicule et dos en vrac, pour nous fatiguer la carcasse au badminton, au tennis de table et au volley, tout cela pratiqué dans une étuve et sur un sol qui n’a pas vu un balai depuis quelques étés, sous les yeux de touristes accablés de chaleur et curieux de nous voir suer à grosses gouttes au beau milieu de l’après-midi ; mais qu’importe, la piscine nous attendait pour tempérer notre enthousiasme, réduire notre température intérieure et ralentir le rythme syncopé du palpitant.
Une nuit plus tard -en pente, car non, l’emplacement 37 n’est pas plat-, et le petit déjeuner englouti, nous partions vers Limoges, via la partie nord-ouest du Millevaches décidément splendide, puis vers Angoulême -un léger détour mais je n’avais pas la force d’avaler les giratoires de la diagonale qui remonte vers Niort-, puis vers La Roche-sur-Yon (sur l’autoroute, voir le panneau indiquant qu’on pénètre en Vendée n’a eu aucun autre effet que de m’inciter à faire demi-tour) et enfin la maison où nous attendaient les garçons, seul motif de réjouissance, pour se jeter dans l’Atlantique afin d’évacuer la route.
Ainsi s’achèvent nos périples estivaux -initiés prématurément au printemps-, entre un road trip solo montagneux, une pluvieuse semaine morvandelle et une quinzaine familiale et ensoleillée, longue descente vers le sud. Il est encore trop tôt pour dresser un bilan autrement que chiffré (près de 20 campings, pas moins de 5000 kilomètres et autres nombres peu intéressants) et ce seront les traces photograpĥiques, certaines odeurs et réminiscences, qui nous aideront à nous replonger dans les souvenirs de cet été 2023.