Le lendemain, c’est le déluge prévu avec une acuité détestable par les divers canaux météorologiques, nos nouveaux compagnons numériques. Ce n’est pas simplement qu’il pleut ; quelque part nous aurions préféré une pluie quelconque, des averses aussi automnales que l’était notre moral, des précipitations dont on ne soucie guère lorsqu’on écoute un bulletin météo ou que l’on se promène abrité sous un parapluie ou sous une capuche. Mais ce déluge, non.
Néanmoins, quelques courses d’appoint puis direction Vézelay et sa basilique, plantée au sommet d’un piton accessible par une rue raide comme seules les villes pénitentes peuvent en proposer. Il était midi, les cloches se sont envolées dans cet édifice qui a vu Richard Cœur de Lion et Philippe Auguste se retrouver avant de partir en croisade et dont on doit la rénovation à Prosper Mérimée (pour le projet) et à Viollet-le-Duc (pour la réalisation) en 1840.
Un quart d’heure plus tard, nous assistions au début de la messe ; peu de pratiquants présents dans les premiers rangs et quelques touristes de passage comme nous ; une messe toute en chants, menée par un chœur de bonnes sœurs dont la première de cordée régalait l’audience d’une belle voix de soprano. Un quart d’heure plus tard (bis repetita), nous quittions la basilique pour braver la tempête et tenter d’admirer en toute résilience le panorama qui s’offre depuis les terrasses.
Petite pause déjeuner sous les tilleuls de la promenade de Lormes, arbres au feuillage assez dense pour abriter la longue conversation d’un couple de septuagénaires appuyés contre la ceinture de pierres en granit qui dessine l’espace au centre duquel trône un monument aux morts de la Grande guerre ; ici comme ailleurs des familles furent décimées. Puis nous avons gagné notre camp de base du jour, à Ouroux-en-Morvan, au cœur du parc régional, entre les lacs des Settons et de Pannecière. Quelques brasses dans les eaux fraîches de la piscine, une introspection générale et collective sur notre avenir proche défini par des prévisions météo pessimistes et il était temps de partiellement oublier cette journée -la messe, c’était quelque chose tout de même-.